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25 novembre 2024
Importante réunion de l’ANUE-5 à Busan en Corée du Sud pour réduire la pollution par le plastique
À Busan, les délégués devront s’entendre sur des questions épineuses telles que le plafonnement de la production de plastique ou l’interdiction éventuelle de substances chimiques toxiques.
La cinquième session de l’ANUE-5 (
Assemblée des Nations-Unies pour l’Environnement) du dernier cycle des négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique s'est ouvert lundi, en Corée du Sud. Est une menace considérable pour la biodiversité et des océans de toute la planète.
Le traité mondial contre la pollution par le plastique est directement issu d’une résolution de l’Assemblée des Nations-Unies pour l’environnement, adoptée à Nairobi en mars 2022. Celle-ci ouvre la voie à des négociations, étalées sur deux ans et mobilisants 193 États, qui aboutira à un texte contraignant et comportant des mesures prenant en compte l’ensemble du cycle de vie des plastiques, depuis leur production, leur consommation et jusqu’à leur fin de vie.
Une fois le texte finalisé, les États seront invités à le ratifier.
Une installation représentant un robinet d'eau avec des bouteilles en plastique en cascade est exposée par des activistes près du Centre Shaw, lieu de l'avant-dernière négociation du tout premier traité mondial sur les plastiques, à Ottawa, Ontario, Canada, le 23 avril 2024.
Quelle est l’ambition de ce traité ?Les quatre premières sessions de négociations pour aboutir à un traité mondial pour mettre fin à la pollution par le plastique ont permis d’atteindre plusieurs objectifs majeurs :
La première session, à Punta-del-Este en Uruguay, a permis de poser les jalons des discussions à venir, les délégations précisant leurs attentes et ambitions. Cette réunion a également permis à toute une série d’observateurs et organismes représentant la société civile de s’exprimer en présentant leur vision du traité.
La deuxième session, à Paris en France, a permis d’identifier les éléments principaux à inscrire dans le traité, permettant d’en rédiger une première version et d’organiser des travaux entre les différentes sessions.
La troisième session, à Nairobi au Kenya, a permis l’examen et l’enrichissement de l’avant-projet du traité en prévision de la suite des négociations.
La quatrième session, à Ottawa au Canada, a permis sur la base de l’avant-projet du traité, d’atteindre un premier consensus sur plusieurs articles et de parvenir à une version quasi-finalisée du traité, en amont de la cinquième session.
La cinquième et dernière session, à Busan en Corée du sud, vise la clôture des négociations et l’établissement d’un traité ambitieux et juridiquement contraignant contre la pollution plastique.
La pollution plastique est omniprésente dans l’environnement, se propage au-delà des frontières nationales, pose un risque pour les espèces sauvages et endommage les écosystèmes. La production de plastique et les déchets plastiques devraient tripler d’ici 2060, et l’on prévoit que jusqu’à 37 millions de tonnes de pollution plastique vont aboutir dans nos océans chaque année d’ici 2040. Cette situation laisse un héritage de répercussions environnementales aux générations futures, et la pollution plastique coûte plus de 2 G$ (
2 mille milliards de dollars) à tous les ans, un fardeau majoritairement porté par les collectivités locales. En l’absence de nouvelles mesures de contrôle efficaces et d’une coopération internationale accrue, la crise mondiale de la pollution plastique est vouée à s’intensifier.
Petit historique de la venue du plastique.Les premiers plastiques étaient tous à base de matières premières naturelles et renouvelables, comme le caoutchouc de Charles Goodyear. En 1862, la
parkésine était fabriquée à partir de cellulose végétale et moulée à chaud.
En 1869, le
celluloïd est inventé aux États-Unis : la
parkesine chauffée, mélangée à du camphre et de l'alcool, a ses premières applications industrielles. Elle remplace l'ivoire des boules de billard, l'écaille des peignes et fabrique les premières pellicules cinématographiques.
En 1884, le chimiste français Hilaire de Chardonnet brevette une fibre synthétique, première soie artificielle, connue sous le nom de «
soie Chardonnet » qui deviendra plus tard le
nylon et le
tergal.
Le premier plastique entièrement synthétique et vierge de toute molécule présente dans la nature est inventé aux États-Unis en 1907 par le chimiste belge Léo Baekeland : la
bakélite, issue d'une réaction entre le
phénol et le
formaldéhyde. Il sert à fabriquer des boîtiers de téléphone, des prises électriques ou des cendriers.
En 1912, le pionnier des polymères, le chimiste allemand Friz Klatte brevette le
polychlorure de vinyle, plus connu sous le nom de
PVC, qui décolle dans les années 50, avec la découverte qu'il peut être fabriqué à partir d'un sous-produit de l'industrie chimique : le
chlore, très bon marché.
La production industrielle se développe d'ailleurs aussi dans les années 1950, à partir de fractions raffinées de pétrole, et autour de trois produits phare : le
polyamide qui a fait ses preuves dans les parachutes américains lors du débarquement de juin 1944 sur les côtes française en Normandie, le
téflon, matériau de guerre utilisé pour sa résistance avant de recouvrir les poêles à frire du monde entier, puis le
silicone.
Le plastique est désormais omniprésent dans tous les interstices de la vie quotidienne. La production mondiale a explosé de façon exponentielle : multipliée par 230 entre 1950 et aujourd'hui alors que la population mondiale triplait à 8,2 milliards d'habitants, selon l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (
OCDE).
La pollution plastique en chiffresDans le monde, l’équivalent d’un camion poubelle de plastique par minute se retrouve dans l’océan. (
Source : L'Atlas du plastique, 2020, publié par le Mouvement Break Free From Plastic).
Environ 4,8 à 12,7 millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans chaque année.
On estime qu’entre 9 à 14 millions de tonnes de déchets plastiques sont déversées chaque année dans l’Océan, c’est 1 tonne de déchets plastiques qui se déverse dans les océans toutes les 3 secondes.
On retrouve aujourd’hui plus de 150 millions de tonnes de plastique dans les océans. (
Source : Service de recherche du Parlement européen).
Recycler 1 million de tonnes de plastique équivaut à retirer 1 million de voitures de la circulation, en termes d’émissions de CO2. (
Source : Service de recherche du Parlement européen).
Aujourd’hui, sur les plus de 380 millions de tonnes de plastique produites par an dans le monde, plus de 50% sont des produits à usage unique :
40% sont utilisés pour les emballages alimentaires.
15% dans le secteur du textile. (
Atlas du Plastique, 2020).
12% pour les produits de consommation.
6 % dans le secteur des transports.
️4 % dans le secteur du bâtiment.
️4 % dans le secteur de l’électricité.
Les produits plastiques à courte durée de vie représentaient 66 % de l’utilisation des plastiques en 2019.
40% de tous les plastiques produits sont jetés au bout d’un mois.
Une fois que les plastiques deviennent déchets, 10% seulement sont véritablement recyclés à l’échelle mondiale, et 32% finissent dans la nature et notamment dans l’Océan.
Les plastiques constituent la fraction la plus importante, la plus nocive et la plus persistante des déchets marins, représentant au moins 85 % du total des déchets marins.
81% du plastique produit chaque année devient déchet en moins d’un an. La pollution plastique a doublé en 5 ans.
Si aucune mesure urgente n’est prise, les quelque 9 à 14 millions de tonnes de plastique qui pénètrent actuellement dans l’océan chaque année tripleront au cours des vingt prochaines années.
Cela signifie qu’entre 23 et 37 millions de tonnes de plastique se déverseront dans l’océan chaque année d’ici 2040.
Cela équivaut à 50 kilogrammes de plastique par mètre de côte dans le monde.
Les animaux marins, la biodiversité marine sont les victimes les plus immédiates et visibles de la pollution plastique.
Plus d’1,5 million d’animaux marins en meurent chaque année : étranglés, étouffés, affamés, mortellement blessés.
90% des espèces marines sont impactées par la pollution plastique : du plancton aux grands prédateurs (
soit 3800 espèces au total).
Chaque année, 640 000 tonnes d’engins de pêche abandonnés, perdus ou jetés pénètrent dans nos océans. Ils peuvent persister dans l’environnement durant jusqu'à 600 ans.
Chaque année, un million d’oiseaux et plus de 100 000 mammifères marins dans le monde subissent des blessures ou meurent en s’empêtrant dans des déchets plastiques ou en les confondant avec de la nourriture.
On estime que 99% des oiseaux marins auront avalé du plastique d’ici 2050.
Les taux de mortalité causés par des débris plastiques peuvent aller jusqu’à 22% pour les cétacés et presque 50% pour les tortues marines.
Un homme adulte ingérerait et inhalerait jusqu’à 121 000 microparticules de plastique par an.
Les plastiques sont fabriqués à plus de 90 % partir de combustibles fossiles (
pétrole, gaz). Leur production, leur transport et leur transformation sont des processus fortement émetteurs de gaz à effet de serre.
Selon les projections, la production de plastique pourrait atteindre l’équivalent de 20% de la consommation de pétrole d’ici 2050 et représenter 10 à 13% du budget carbone mondial à ne pas dépasser pour contenir la hausse des températures à 1,5° C.
Tout au long de son cycle de vie, le plastique contribue au changement climatique. En 2019, les plastiques ont généré 1,8 milliard de tonnes métriques d’émissions de gaz à effet de serre, soit 3,4 % des émissions mondiales, 90 % de ces émissions provenant de la production et de la transformation des plastiques à partir de combustibles fossiles.
La production mondiale de matières plastiques en 2020 était dominée par les régions suivantes : Asie (49 %), Amérique du Nord (19 %) et Europe (15 %).
Les pays plus riches produisent plus de déchets plastiques qui sont souvent envoyés dans les pays moins développés. Un citoyen américain produit en moyenne 8 fois plus de déchets plastiques qu’un citoyen chinois.
Le coût de la pollution plastique pour les industries du tourisme et de la pêche est estimé à 13 650 000 000 milliards dollars US chaque année.
D’ici 2040, les déchets plastiques devraient présenter un risque financier annuel de 670 milliards de dollars US pour les entreprises et les gouvernements qui devront en supporter les coûts de gestion aux volumes prévus.
Une baisse de 1% à 5% de la fourniture de services écosystémiques marins (
= toute la valeur économique des services rendus par la mer) en raison de la pollution par le plastique équivaut à une perte annuelle de 500 milliards à 2 500 E$ (
trilliards de dollars).
Plus de 60 pays sur tous les continents ont adopté des politiques visant à réduire la pollution par les plastiques (taxes, accords avec les distributeurs ou interdictions). 70% d’entre eux sont des pays dits «
du Sud ».
Le Bangladesh a été le premier pays au monde à bannir les sacs en plastiques fins.
En 2008, le Rwanda a interdit l’utilisation de matériaux d’emballage plastique, suivi par le Kenya et le Maroc dans des mesures similaires.
En 2022, le Canada adopte un règlement interdisant les plastiques à usage unique le «
RIPUU ». Progressivement, de décembre 2022 à décembre 2025, la fabrication, l’importation, la vente et la vente pour exportation de 6 catégories de produits de plastique à usage unique seront interdites. Soit les sacs d’emplettes, les ustensiles, les récipients alimentaires fabriqués à partir de certains plastiques, les bâtonnets à mélanger, les pailles de plastique (
20 décembre 2023), les anneaux pour les emballages de boissons (
20 juin 2024), les pailles flexibles emballées avec des contenants de boissons (
20 juin 2024).
La Ville de Montréal a adopté en 2023 un règlement visant les restaurants et les commerces alimentaires. Ceux-ci ne peuvent plus distribuer les produits de plastique suivants de classe 1 à 7, que ce soit pour une consommation sur place, une commande à emporter ou une livraison.
Entre 1,4 et 2,7 milliards de sacs d’emplettes, principalement des sacs de plastique, sont distribués chaque année au Québec.
Seulement 14 % de ces sacs sont récupérés. L’objectif de bannir les sacs de plastique à usage unique est de réduire l’impact des sacs de plastique sur l’environnement.
En 2023, c’est entre 1,4 et 2,7 milliards de sacs d’emplettes, principalement des sacs de plastique, sont distribués chaque année au Québec. Seulement 14 % de ces sacs sont récupérés. Si l’on estime qu’un sac de plastique coûte 0,02$ l’unité et que 14% on été récupéré. La valeur de 24 000 000$ et 46 000 000$ ont été gaspillés par année au Québec.
En 2024, la Communauté Métropolitaine de Montréal (
CMM) qui regroupe 82 municipalités qui comptent un total de 4,1 millions de personnes. La CMM adopte le troisième Plan Métropolitain de Gestion des Matières Résiduelles (
PMGMR) qui est entré en vigueur le 1e janvier 2024. Ce plan va favoriser l’économie circulaire selon les
3R+V soit qui veux dire
RÉDUIRE notre consommation à la source -
RÉUTILISER nos biens le plus possible afin de prolonger leur durée de vie -
RECYCLER au maximum -
VALORISER, c’est-à-dire composter chez soi les matières putrescibles des déchets au quotidien afin de réduire la production de déchets et ainsi évitez de contribuer aux montagnes de matières retrouvées dans les sites d’enfouissement et dans l’environnement.
La France vise à ne plus utiliser d’emballages plastiques à usage unique d’ici 2040, et a déjà interdit les microbilles des cosmétiques, les couverts jetables et le sur-emballages de certains fruits et légumes.
À l’échelle mondiale : 40% des déchets plastiques sont enfouis dans des décharges qui doivent être suffisamment bien encadrées pour s’assurer que les composés chimiques des déchets ne polluent pas les sols ou les nappes phréatiques.
32% finissent dans la nature, et notamment dans l’Océan.
Au Canada, la majorité des déchets plastiques finissent dans des sites d’enfouissement ou dans l’environnement. 86 % de ces déchets ont abouti dans des sites d’enfouissement, 9 % ont été recyclés, 4 % ont été incinérés pour la récupération d’énergie et 1 % ont été déversés dans l’environnement sous forme de détritus.
Le Canada a exporté un peu plus de 100 000 tonnes de déchets plastiques à l’étranger en 2018.
Le Canada a promis d’injecter 100 millions de dollars pour aider les pays en développement à réduire leur pollution plastique des océans.
En 2018, la Commission Européenne a adopté une stratégie pour le contrôle des matières plastiques afin de favoriser une économie circulaire.Soit interdire la mise sur le marché de certains produits (
couverts, pailles, assiettes, gobelets et assiettes en polystyrène expansé, etc.); élargir la responsabilité des producteurs; modifier la conception des produits en plastique afin de les munir de bouchons ou de couvercles qui restent attachés aux récipients afin d’éviter qu’ils ne se retrouvent dans l’environnement; atteindre une cible de collecte de 77 % des bouteilles de plastique ainsi que de leurs bouchons ou couvercles d’ici 2025 et de 90 % d’ici 2029; prendre d’autres mesures, notamment pour mieux informer les consommateurs sur l’élimination des déchets.
En 2024, entre 4 % et 8 % de la production de pétrole et de gaz mondiale sont utilisés pour fabriquer de nouvelles résines plastiques, mais cette proportion devrait passer à 20 % dans le monde d’ici 2050.
En 2018, l’association canadienne de l’industrie des plastiques, l’association canadienne de l’industrie de la chimie et l’American Chemistry Council se sont engagés, d’abord, à faire en sorte que 100 % des emballages plastiques soient recyclables ou récupérables d’ici 2030, puis à ce que 100 % des emballages plastiques soient réutilisés, recyclés ou récupérés au plus tard en 2040.
Chaque année, les Canadiens jettent plus de 3 millions de tonnes de déchets plastiques. Cela représente une perte de valeur pouvant atteindre 8 milliards de dollars par année et constitue un important gaspillage de ressources et d’énergie.
Environ le tiers des plastiques utilisés au Canada consistent en produits et en emballages à usage unique ou à courte durée de vie. En effet, au Canada, jusqu'à 15 milliards de sacs de plastique sont utilisés chaque année, et près de 57 millions de pailles sont utilisées quotidiennement.
Au cours des 25 dernières années, près de 800 000 bénévoles ont ramassé plus de 1,3 million de tonnes de kilogrammes de déchets du littoral canadien dans le cadre du programme Grand Nettoyage des rivages canadiens de l’organisme
Ocean-Wise et du Fonds mondial pour la nature, avec le soutien du gouvernement du Canada. Les articles le plus fréquemment trouvés sur nos côtes consistent en produits à usage unique ou à courte durée de vie, souvent fabriqués en plastique.
Nous sommes tous exposés à des produits toxiques, dont des perturbateurs endocriniens, à tous les stades du cycle de vie du plastique. Les conséquences possibles sur la santé d’un contact quotidien avec les substances hormone-actives présentes dans le plastique sont nombreuses : cancers, stérilité, asthme, trouble du développement de l’embryon… L’impact de la pollution plastique sur la santé humaine est un sujet d’étude récent, et nécessite de développer urgemment des connaissances scientifiques sur leurs réels impacts sur notre santé, notre système immunitaire, endocrinien, respiratoire ou encore notre ADN.
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